L’heure est maintenant venue de commencer notre réflexion. Mais pour  ce faire, nous devons choisir une base commune à nos récits. Ce pourquoi il est opportun de ne choisir qu’un évangile et de suivre le fil conducteur de l’intrigue et aller pas à pas avec l’évangéliste à travers son récit.

Quel évangile donc choisir ?

S’il apparaît très rapidement que l’Evangile de Jean, de par sa forte propension spirituelle et surtout par le fait qu’il insiste  plus sur la mission salvatrice de Jésus et non pas sur son ministère terrestre, ne pouvait pas jouer le rôle que nous voulions, Luc quant à lui a été écarté parce qu’il possède un prolongement logique : Les Actes des Apôtres. Se contenter donc d’étudier l’Evangile de Luc tout seul, nous laisserait un goût d’inachevé. Longtemps donc, le  cœur a balancé entre Matthieu et Marc et finalement, le choix s’est arrêté sur Marc ! Pourquoi ? D’autant plus que longtemps, j’ai aimé l’Evangile de Matthieu et ce n’est que récemment que l’Evangile de Marc s’est révélé sous un jour nouveau pour moi. Et bien les raisons sont toutes simples.

1°) Marc est le premier à avoir mis par écrit les œuvres de ce jeune d’une trentaine d’années mort quelques décennies plus tôt et qui a profondément marqué la vie de ses amis par son amour, son calme, sa force… sa personne tout simplement.

2°) Marc était profondément marqué par la culture juive et son récit en candélabre (chandelier à 7 bras) en témoigne. De plus, il montre que le salut réservé d’abord aux juifs est désormais ouvert à tous : double « multiplication » des pains et des vins, l’un adressé aux juifs l’autre aux « païens » et surtout son récit en 2 temps ; le premier culminant à la profession de foi de Pierre : « Tu es le Christ » (Mc 8,29) et le deuxième avec la reconnaissance du soldat romain : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu » (Mc 15,39).

3°) L’Evangile de Marc était le plus court, et aussi mémorisé par les premiers chrétiens. On l’apprenait au rythme de 2 versets par jours et les 672 versets étaient couverts en une année, en tenant compte des grandes fêtes Juives (pâque,  fête tentes, pentecôte…).

Qui est donc ce Marc qui a rédigé cet Evangile ?

Difficile de se faire une idée précise. La thèse la plus répandue et qui remonte probablement à Papias (évêque de Hiérapolis) considère Marc comme l’ « interprète » de Pierre et qu’il aurait donc pensé à mettre par écrit l’enseignement de ce dernier après sa mort (en 64 ou 67 de notre ère) ; ce qui correspond avec la période de la rédaction de l’Evangile (que l’on situe aux alentours de l’an 70). Cependant, la "théologie" de Marc ne reflète pas celle de Pierre ; difficile donc de penser qu’il ait pu être de son école. D’autres exégètes l’identifient à Jean-Marc des Actes des Apôtres ; la communauté de Jérusalem se réunissant chez sa mère Marie (Ac 12,12). Il aurait alors été le compagnon de route de Paul et Barnabé, mais suite à un différend se serait séparé d’eux.

Quoi qu’il en soit, l’on est sûr que Marc est un auteur judéo-chrétien (juif converti au Christianisme) et que son évangile a été rédigé peu avant l’an 70, ce qui en fait le premier.

Comment appréhender le récit de Marc ?

Je faisais allusion au cours de mon précédent article de l’importance à accorder à la structure du texte et au genre "évangile". Il serait ridicule d’essayer de rechercher une historicité totale et complète aux moindres détails exposés. Marc n’est pas un chroniqueur ; son but est de faire connaître au monde ce jeune homme d’une trentaine d’années assassiné pour ses opinions et qui est, selon le titre qu’il donne à son récit, Christ et Fils de Dieu (Mc 1,1). Benoît Standaert divise le récit en deux : Mc 1,1 à Mc 9,13 qui montre que Jésus est le Christ et de Mc 9,14 à Mc 16,20 qui montre que Jésus est le Fils de Dieu.

L’étude de la structure du texte, très intéressante en elle-même, ne sera pas spécifiquement reprise dans ce blog, sauf pour des besoins d’explication d’un texte particulier. Au fil de son récit, il distribue les informations qu’il juge utile à sa manière sous  l’inspiration constante et continue de l’Esprit Saint. Ne perdons pas de vue que comme dans tout récit, il s’adresse à un auditeur/lecteur et son but secret est de toucher leurs cœurs et les amener à voir les choses autrement. Il nous demande d’entrer dans son récit, de se laisser toucher par lui et surtout de lui faire confiance ! Et oui, nous ne le connaissons pas, mais son récit laisse supposer qu’il est dans la « confidence » du Seigneur et qu’il a été enseigné par l’Esprit. Une telle confiance n’est accessible que par la foi. Mais, il ne souhaite pas un lecteur passif qui viendrait y trouver des recettes toutes faites pour chaque minute de sa vie ; au contraire, il souhaite un lecteur réactif comme une troupe d’enfants assistant à un spectacle de marionnettes (comme disait un ami).

Entrons donc dans ce récit sous l’œil bienveillant de l’Esprit. Que ce même Esprit nous fortifie et nous guide tous dans notre démarche.

Soyez tous Bénis, In Christo.